TROU NOIR A CHANTACO de Jacques GARAY, aux Editions Cairn. Reprise sous label Cairn du premier polar écrit par Jacques Garay, journaliste à la Semaine du Pays Basque, très influencé par Montalban. Style truculent. Deux meurtres dans le golf le plus chic de France, Chantaco serait-il devenu le Bronx ?
Ce très bon polar n’avait pas eu l’audience méritée par défaut de tirage, les éditions Cairn, dans le cadre de leur collection Polar Sud Ouest répare cette injustice. A offrir pour la Noël aux amateurs de polars, amoureux du Pays Basque !
LE LIVRE
Le charme de la Côte basque sud. Ciboure, Saint-Jean-de-Luz, la Rhune, la baie, le Fort et la digue de Socoa, la colline de Bordagain, le quai Ravel, le pont De Gaulle, la place Louis XIV, la rue de la République. La vie se la coule douce dans ce pays de cocagne où l’on sacrifie plus souvent qu’à son tour à la trilogie royale, grand air, copains et bonne bouffe. Quand soudain se produit l’impensable, l’inimaginable, et dans le Saint des Saints en plus : un meurtre au golf de Chantaco.
Xanti Sopuerta (prononcez Chanti !), journaliste, critique gastronomique, chroniqueur, un chouia iconoclaste et franc-tireur, va devoir pour un temps abandonner ses notes et ses fiches pour mener son enquête, parallèlement à son ami, le commissaire Seignosse dit « Petit Poulet ». Eh oui, ici, on se surnomme à peine qu’on se nomme !
C’est dans cet entrelacs d’amis, de copains, de lieux bénis des dieux, mais quelques fois dangereux, que Xanti Sopuerta va évoluer. Autour de lui tout est frais, les mentalités, les nouvelles, les légumes, le poisson, le pain et le vin.
Et puis il y a Geneviève, sa Geneviève, la magicienne de Bordagain, qu’il ne s’agit surtout pas de délaisser, même quand le vent souffle en rafales sur Chantaco.
L’AUTEUR
Premier roman de Jacques Garay (1949, Saint-Palais). Études secondaires classiques au lycée de Biarritz, puis fac de droit à Pau. Rien de ce qui enjolive le Pays basque n’est étranger à ce journaliste épicurien : beauté des paysages, convivialité, pelote, rugby, golf, surf, palombes, chant, tauromachie… Observateur de la vraie vie, préférant les livres aux calculettes, il pose un regard souvent amusé mais toujours aiguisé sur le joli monde qui l’entoure.
EXTRAIT
Loin des pâles listels, le contraire des farouches Navarre, pas fruité en diable, moins charpenté que les bordelais, mais joliment coloré et bien fait, le salvateur rosé de la Cuvée Anna offrait un équilibre que devraient rechercher tous les consommateurs estivaux. Il présentait également pour l’amateur, la possibilité d’une consommation régulière tout au long de l’année, pouvant s’adapter aux mille trouvailles de la cuisine française. Et pour le preneur d’apéritifs conviviaux, ce rosé était un fil rouge pour de petits cabotages le long de côtes amies. Seignosse le savait et il connaissait son monde.
Après tout c’était son métier. Mais il avait ça de plus, qu’il ventilait toujours la liasse administrative à l’air pur d’une humanité comprise et conviviale. Il travaillait plus à la complicité qu’au carbone. Et c’est pour cela qu’il pouvait se sucer les doigts à bien des tables.
Un garçon apporta la bouteille demandée, dans un seau de verre dépoli, perlé de rosée de glaçon. Il servit d’abord Seignosse. Les langues claquèrent comme un smash d’Agassi, et le garçon remit la bouteille au fourreau.
– Alors ? demanda, gourmand, Seignosse.
Je me levai, tirai de ma poche le gant qui était dans le sac de congélation et le posai sur la table, du côté de Seignosse.
– J’ai trouvé ça et je suis sûr que ça va t’aider, commençai-je. C’était lundi soir au « quatre », tu venais de partir. Souviens-toi, Enzo m’a appelé. En allant vers chez lui, j’ai eu besoin de faire un petit pipi. Je me suis donc dirigé derrière le départ du « quatre ». Et là, dans la clairière, j’ai découvert ce gant. Un gant de gaucher, tu l’as remarqué. Le lendemain je suis allé à Décathlon à Anglet. Un copain à moi, Max, y travaille au rayon golf. Je lui ai montré le gant. Il venait effectivement de Décathlon. Mais ce n’est pas tout. Le propriétaire de ce gant de gaucher a également acheté à Max, un sac en promotion avec une demi-série de droitier. Et le seul souci de ce curieux débutant était la solidité des clubs.
Étonnant non ? En plus, d’après Max, ce type avait l’air d’un dur, un mec pas très causant ni agréable. C’est en vérifiant à la comptabilité et grâce aux codes-barres, que Max a découvert que le sac qu’il avait vendu, ainsi que ce fameux gant, ont été payés en liquide, sur le même ticket de caisse, samedi dernier, dans l’après-midi. Ce qui veut dire…
– Ce qui veut dire que ce client est vraisemblablement l’assassin et qu’il est reparti, et sans doute arrivé, par le chemin de la piscine, me coupa Seignosse. Et si ce type a acheté un gant de gaucher et un sac en promotion, c’est qu’il ne connaissait rien au golf et que ce n’était qu’un déguisement pour pouvoir circuler à Chantaco sans attirer l’attention. Il y a donc de la préméditation dans l’air. Mais pourquoi avoir choisi de tuer Sapiac en plein golf. À moins que…
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