Max Moreau
« On ne changera donc pas d’un claquement du doigt les barrières administratives qui bornent les départements des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées ainsi que les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Mais qu’il soit au moins permis d’imaginer des partenariats fructueux… »
Les progrès de l’intercommunalité ouvrent l’espoir de rationnaliser la gestion des collectivités.
Ils entraînent aussi une grande question : celle de la pertinence des frontières administratives.
Où commence et où s’arrête un territoire ? Que fera-t-on quand une métropole urbaine atteindra la taille d’un département ? Ou quand deux agglomérations géographiquement proches ne pourront pas s’associer parce qu’elles appartiendront à deux départements et à deux régions différentes ?
On pourrait citer maints exemples en France. Mais le cas de l’Adour, microrégion qui n’existe pour le moment dans aucun texte officiel, paraît très symptomatique de la nécessité de faire évoluer une géographie politique qui ne remonte pas seulement à la Révolution, comme on le croit généralement, mais bien souvent aux découpages complexes, entre fiefs vassaux et suzerains, de l’ancien régime !
On ne changera donc pas d’un claquement du doigt les barrières administratives qui bornent les départements des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées ainsi que les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Mais qu’il soit au moins permis d’imaginer des partenariats fructueux…
Tandis que les Basques réclament sans succès une collectivité territoriale spécifique qui aurait pour capitale la communauté urbaine de Bayonne-Anglet-Biarritz, une autre conurbation viable se dessine au pied des Pyrénées mais plus à l’Est, intégrant l’ensemble Pau-Lacq-Oloron à l’entité Tarbes-Lourdes-Bagnères.
L’Adour est nom d’un fleuve qui prend sa source en Bigorre (Hautes-Pyrénées) et unit les gaves pyrénéens avant de se jeter dans l’océan à Anglet. Il a été longtemps question de créer une « région Adour » qui aurait englobé aussi le Pays basque et le sud des Landes mais la région Aquitaine a, depuis, démontré la cohésion de son territoire comme la force attractive de la métropole bordelaise, schéma que l’on retrouve en faveur de Toulouse en Midi-Pyrénées.
La frontière entre les deux régions existe. C’est un fait. Elle ne devrait cependant pas empêcher deux agglomérations très proches et également éloignées de leurs capitales régionales respectives
« d’inventer » une façon de travailler ensemble sur une perspective de « longue ville », selon le concept défini par l’architecte-urbaniste Bernard Trey. La forme retenue pourrait correspondre à une « collectivité territoriale à statut particulier » qui, à l’horizon 2030, représenterait un ensemble de 660 000 habitants, sur 9142 km2 et un PIB de 21,6 milliards d’euros. Ces chiffres prospectifs ne seront surprenants que pour ceux qui ne se rendent pas compte, tant à Paris qu’à Bordeaux ou à Toulouse, de la dynamique économique actuelle des bassins d’emploi de Pau-Lacq-Oloron et de Tarbes-Lourdes-Bagnères. Outre un tissu très dynamique de PME spécialisées dans l’agroalimentaire, la mécanique et l’aéronautique, de grandes filières industrielles et tertiaires existent autour des établissements de Total, d’Alstom, d’EADS, de Véolia ou de Turboméca. L’Université de Pau et des Pays de l’Adour, largement fréquentée par les habitants des Hautes-Pyrénées, accueille 11 500 étudiants, délivre 120 diplômes nationaux et emploie 700 enseignants dont 500 sont aussi chercheurs, tant dans les géosciences que les sciences humaines. Il faut ajouter à ce potentiel trois écoles d’ingénieurs et une école supérieure de commerce très bien placée dans les classements nationaux. Tarbes, de son côté, conserve et amplifie sa culture industrielle dans le domaine du ferroviaire, de l’aéronautique, de la chimie, de l’électro-ménager et des matériaux céramique tout en accueillant 5 000 étudiants au sein d’une antenne de l’Université Paul-Sabatier de Toulouse. Et ne parlons pas des ressources considérables et communes liées aux sports d’hiver, au tourisme culturel – le château d’Henri IV est l’un de plus visités de France – et religieux (quatre millions de pèlerins se rendent à Lourdes chaque année), au thermalisme, ainsi qu’aux randonnées en montagne.
Pour des raisons administratives et politiques anciennes, ces territoires qui ne sont guère distants que d’une trentaine de kilomètres sont desservis par deux aéroports et deux gares, ce qui est à la fois peu favorable aux économies d’échelle et empêche de faire front commun dans les batailles pour les futures infrastructures, notamment la desserte des deux agglomérations par un « barreau» spécifique de la future LGV et l’aménagement de meilleures voies de communication vers l’Espagne.
Il devrait pourtant devenir possible, en définissant un schéma de cohérence du territoire, d’induire une coopération, d’abord entre les aires urbaines de Pau et de Tarbes et Lourdes, puis ensuite entre les conurbations de Pau-Lacq-Oloron et Tarbes-Lourdes-Bagnères. En vingt ans pourrait être ainsi atteint le format d’une métropole constituant l’élément sud d’un tripode délimité au nord par les métropoles de Bordeaux et de Toulouse.
Saisissons l’opportunité temporelle de créer la microrégion Adour.
L’ADOUR ?
Quand Béarnais et Bigourdans, cousins de sang, frères de sol, NE FERONT PLUS QU’UN.
L’ADOUR ? C’est :
– Saisir et interpréter la réalité et la culture d’une microrégion.
– Convaincre les élus et les acteurs économiques du Béarn et de la Bigorre de se concerter, de fraterniser, de cesser le dénigrement, d’activer les liens fédérateurs, de s’entendre et de coopérer d’une manière pragmatique sur des projets communs pour améliorer l’efficacité économique.
– Elaborer une Charte de développement stratégique productif axée sur la reconquête industrielle en valorisant les entreprises par une formation amendée et une orientation sur l’imagination, la création, l’innovation et la protection de la nature dans l’aménagement du territoire.
– Créer des emplois et améliorer le niveau de vie de nos concitoyens par la croissance et l’épanouissement des entreprises.
Adishatz !