Les Ombres d’Oradour, un livre de Jean Paul Picaper aux éditions de l’Archipel, qui pourrait avoir pour sous-titre : Pour en finir avec les « mystères » d’Oradour. Début juin 1944, des éléments de la division blindée SS « Das Reich » remontent du Sud-Ouest vers la Normandie. Le soir du 9 juin, le commandement SS et la Gestapo choisissent le village d’Oradour-sur-Glane comme cible. Le lendemain, sur leur chemin, cent vingt Waffen-SS massacrent 642 habitants, dont 246 femmes et 207 enfants, à Oradour-sur-Glane.
Conservé « intact » au surlendemain de l’épouvante, une fois les flammes éteintes et les corps ensevelis, le village martyr est longtemps resté un doigt accusateur pointé sur les meurtriers. Ce qui s’est passé là fut d’une atroce simplicité : on cerne, on tue, on pille, on brûle, on part. Mais qui juger ?
LE LIVRE :
A la différence des livres parus sur la tragédie d’Oradour aux approches de la 70ème commémoration du massacre, le 10 juin 2014, le livre de Jean-Paul Picaper est, d’une part, une nouveauté, rédigé par un auteur qui jette un regard neuf sur Oradour, de l’autre, c’est un livre franco-allemand. Picaper a passé les deux tiers de sa vie en Allemagne où il s’est fait un nom comme professeur de Science Politique et Journaliste souvent invité à la télévision. Auteur de 27 ouvrages, il parle et écrit l’allemand comme sa langue maternelle et a acquis la double nationalité franco-allemande. Il a accès à titre de scientifique à toutes les archives allemandes. Il se réfère à tous les classiques de l’histoire et de l’analyse du IIIème Reich. Tout en étant rédigé en style journalistique, accessible au grand public, son livre a valeur scientifique.
Son originalité est, à la différence des autres livres sur le sujet, de s’appuyer sur des témoignages et des documents français, mais aussi sur des documents d’archives et des témoignages allemands. Non seulement, cet auteur aborde en toute liberté d’esprit le délicat problème du repentir allemand, mais il présente aussi des documents inédits attestant non seulement la culpabilité des Waffen-SS et l’absence de toute Résistance française le jour du drame à Oradour, mais prouvant aussi que les « révisionnistes » ou « négationnistes » français qui tentent de cautionner les Wafen-SS, ont été inspirés par d’anciens Waffen-SS allemands tendanciellement néo-nazis. Il réfute un à un sur pièces tous leurs arguments. Entre autres, Jean Paul Picaper a trouvé dans les archives de la Stasi à Berlin, un document du IIIème Reich prouvant que le principal inspirateur allemand du négationnisme avait été formé à l’école du Reichsführer SS Heinrich Himmler à l’administration et à l’économie des camps de concentration. Cet homme, auteur applaudi par l’extrême droite allemande et européenne jusque dans les années 1980, avait même été gardien à Dachau. Ce document et d’autres, ainsi que des photos, est en facsimile dans son livre.
Jean-Paul Picaper connait bien la Stasi et la RDA pour les avoir côtoyées à Berlin mais aussi pour avoir écrit des livres à leur sujet. Familier de ces archives et de leur langage, il a noté que, leurs documents afférents au IIIème Reich, qui n’étaient pas destinés à être publiés, remplissent les critères de l’authenticité et que cette police politique est-allemande avait créé un grand institut d’études et de documentation sur le IIIème Reich qui sera encore une mine d’informations pour des générations de chercheurs. Les dirigeants de la RDA et leurs collègues soviétiques voulaient être informés en toute objectivité sur le Reich hitlérien. Entre autres, Jean Paul Picaper a analysé point par point le cas de l’ancien Obersturmführer SS Heinz Barth dont le procès fut ouvert à Berlin-Est en 1983. Il a analysé également l’organisation des SS et leur idéologie qui a conduit au massacre de 642 innocents, enfants, femmes et hommes à Oradour. Une grande enquête sur deux pays (ou trois avec la Tchéquie) qui met fin aux incertitudes et contre-vérités engendrées au cours des dernières années par des écrits et déclarations de sympathisants du IIIème Reich en l’absence d’une analyse rigoureuse et complète comme celle-ci.
L’AUTEUR :
Jean-Paul Picaper, est né en 1938 à Pau et il a été élève du Lycée Louis Barthou. Ancien professeur de sciences politiques à l’université de Berlin-Ouest puis pendant vingt-six ans correspondant du Figaro en Allemagne, Jean-Paul Picaper écrit pour Politique internationale, Historia et plusieurs journaux allemands. Il a publié une vingtaine d’ouvrages, dont Helmut Kohl (Fayard, 1995), L’Or des nazis (Tallandier, 1997), Berlin-Stasi (Syrtes, 2009), Angela Merkel (J.-C. Gawsewitch, 2010). Ses livres Enfants maudits et Le Crime d’aimer (Syrtes, 2004 et 2005) ont fait découvrir au grand public l’existence des « enfants de la guerre » nés en France de soldats allemands. Les éditions de l’Archipel ont publié Opération Walkyrie : Stauffenberg et la véritable histoire de l’attentat contre Hitler (2009).
Pour résumer, Jean Paul Picaper est un politologue, essayiste et journaliste français mais aussi Béarnais, conquis par l’Allemagne
A NOTER :
Jean-Paul Picaper répondra à des questions à propos de son livre sur le massacre d’Oradour-sur-Glane :
– le lundi 9 juin à 18 h 30 sur TV5 Monde ;
– le mardi 10 juin de 17 h 30 à 18 h sur LCI Télévision dans l’émission de Michel Field.